Invisibles
Dans le cadre de

Avec le soutien de

Invisibles
Dans la série britannique The Invisible Man (1958), le physicien Peter Brady devient accidentellement invisible à la suite d’une expérience. Contraint de se bander le visage pour exister aux yeux des autres, il choisit pourtant d’utiliser cette disparition comme une force d’action. Moins visible, mais tout aussi agissant, il opte pour une forme d’intervention discrète, souterraine et détachée du spectaculaire.
Cette exposition prend appui sur cette idée d’une présence en creux, en écho à la notion de fugitivité développée par le poète et penseur Fred Moten. Chez lui, il ne s’agit pas d’un retrait mais du refus de se laisser capturer par les normes dominantes. La personne fugitive invente des formes de vie collectives et improvisées depuis les marges, en résistant sans se dévoiler. Être invisible, c’est parfois survivre autrement, créer depuis l’ombre, soigner depuis la périphérie.
Les invisibilités abordées ici sont aussi bien sociales que politiques ou écologiques. Elles affectent une large majorité de la population mondiale reléguée aux marges de la société et à l’arrière-plan des représentations en raison de leur genre, origine, condition sociale, santé, âge, entre autres.
Ces invisibilisations subies engendrent bien souvent un repli sur soi et parfois même une haine de l’autre. Pourtant, ne perdons jamais de vue que ce ne sont pas les différences en elles-mêmes qui alimentent les tensions à l’œuvre dans notre société contemporaine mais bien la violence diffuse d’une gouvernance politique et économique qui fragilise les solidarités, instrumentalise les diversités, et oppose les personnes pour mieux perpétuer les inégalités.
L’exposition explore les formes de disparition imposée des corps, des voix, des territoires et met en lumière ce qui persiste dans les marges : des gestes discrets, des présences fragmentaires, des récits étouffés. D’autres manières, peut-être, d’habiter le monde.
ARTISTES
Zoé Aubry
Lounis Baouche
Denis Briand
AA Bronson
Mohamed Bourouissa
Tania Candiani
Carolina Caycedo
Scarlett Coten
Julien Creuzet
Roland Fischer
Hreinn Friðfinnsson
Estelle Hanania
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
Hao Jingban
Jacob Holdt
Sharon Kivland
Latifa Laâbissi
Letizia Le Fur
Hervé Le Nost
Mehryl Levisse
Anna López Luna & Mounir Gouri
Maha Maamoun
Basir Mahmood
Barbara McCullough
Julieth Morales
Benoît Piéron
Sequoia Scavullo
Marion Scemama & David Wojnarowicz
Ahlam Shibli
Malick Sidibé
Maryam Tafakory
The School of Mutants
Yves Trémorin
PRÉPARER SA VISITE
→ Télécharger le journal d’exposition
→ Télécharger le livret Facile À Lire et à Comprendre (FALC) de l’exposition
→ Télécharger le livret en grands caractères
→ Télécharger le livret de jeux pour les enfants
CONTENU BONUS
→ Cartels audios augmentés et cartels participatifs
→ Cartels audio Facile À Lire et à Comprendre (FALC)
→ [Les Ateliers] Pistes pédagogiques pour l’exposition Invisibles
Design graphique : Studio deValence
Faire Corps
Faire corps
Collections photographiques de L’Imagerie et du Frac Bretagne
Dans le cadre du festival Glaz – Rencontres internationales de la photographie de Rennes, dont l’édition 2025 explore les liens entre actes d’amour et de rébellion, l’Imagerie, Centre d’art et de photographie à Lannion, s’associe au Frac Bretagne pour une exposition construite à partir de leurs collections photographiques respectives.
Intitulée Faire corps, cette proposition réunit des œuvres de 16 artistes de différentes nationalités qui interrogent les manières de se relier les uns et unes aux autres, d’habiter le monde ensemble, de s’unir pour résister, aimer ou simplement tenir.
Faire corps, c’est d’abord faire groupe : se rallier, se retrouver autour d’une cause, marcher côte à côte pour faire nombre, s’agréger face à l’adversité. C’est le geste politique du collectif et la revendication de la puissance par le commun.
Faire corps, c’est aussi l’élan amoureux : une façon d’habiter le même souffle, de se confondre avec l’autre, de construire un corps à deux. C’est le lieu de la passion, de la friction et de la tendresse, du soulèvement même.
Enfin, faire corps, c’est l’expérience du corps façonné, contraint ou célébré. C’est dire ce que le monde fait au corps par le travail, l’épuisement ou la pauvreté ou au contraire ce que le corps fait au monde lorsqu’il devient surface d’expression, de revendication identitaire ou sociale, de mémoire.
L’exposition propose une traversée sensible et engagée des conditions incarnées : des corps en lutte, en lien, en amour, qui disent tous à leur manière ce que signifie faire corps dans un monde fracturé.
ARTISTES
Letizia Battaglia
Jean Bizien
Scarlett Coten
Dominique Delpoux
John Demos
François Despatin et Christian Gobeli
Paz Errázuriz
Julie Hascoët
William Klein
Cinthia Marcelle & Tiago Mata Machado
Hélène Martiat
Elena Mazzi
Ben McNutt
Martin Parr
Shanta Rao
Iren Stehli
Visuel : Julie Hascoët, Murs de l’Atlantique, 2013-2016, Collection Frac Bretagne © Julie Hascoët, Crédit photographique : Julie Hascoët
Social Insecurity
Social Insecurity
Lauréate du Prix du Frac Bretagne – Art Norac 2024, Tania Gheerbrant présente une exposition personnelle au Salzburger Kunstverein, Salzbourg, Autriche.
Dans Social Insecurity, Tania Gheerbrant met en scène une confrontation matérielle avec la longue histoire de la santé mentale en tant qu’outil de contrôle social. En établissant des liens entre les chasses aux sorcières du début de l’Europe moderne, la naissance des institutions psychiatriques et la répression systémique des communautés marginalisées aujourd’hui, son exposition examine comment les idées de « normalité » ont toujours servi des fins politiques – et comment elles continuent à façonner les architectures précaires de la solidarité.
La référence à la critique du pouvoir psychiatrique de Thomas Szasz encadre l’exposition, mais Tania va au-delà de ses écrits pour activer une histoire vivante. Plutôt que de considérer les archives comme des dépôts statiques, elle les traite comme des matières premières : des pétales pour des lampes sculpturales, des textures pour des peintures murales, des vers pour une lecture collective. Sa méthode refuse le regard clinique et consiste à réassembler des histoires de résistance parmi ceux qui ont été étiquetés comme fous.
Au cœur de l’exposition se trouve une œuvre vidéo qui assemble des interviews contemporaines de personnes qui entendent des voix et des lectures de poèmes tirés de publications militantes sur la santé mentale. Ces voix résistent à la logique aplatissante du diagnostic. Au contraire, elles articulent une politique et une poétique de l’expérience, suggérant que la solidarité n’est pas de la charité, mais la construction partagée de nouvelles formes sociales.
En entrant, le public découvre une peinture murale à faible luminosité – des silhouettes de personnages familiers, à moitié oubliés par les histoires officielles. Les fleurs réalisées à partir d’imprimés d’archives, l’esthétique des journaux bricolés, la visibilité tactile d’histoires habituellement cachées ou aseptisées. En réactivant ce qui a été jeté et négligé, Tania Gheerbrant insiste sur des formes de mémoire qui ne sont pas simplement illustratives, mais insurrectionnelles.
Alors que les États se replient sur des modèles de soins privatisés et individualistes, et que de nouvelles formes d’autoritarisme empiètent sur la vie quotidienne, la question que pose Tania Gheerbrant dans Social Insecurity est directe : qui mourra tranquillement la prochaine fois ? En retraçant les continuités entre les chasses aux sorcières, les abus psychiatriques fascistes et l’insécurité « gérée » contemporaine, elle montre clairement que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la santé mentale, mais les conditions mêmes de la vie collective.
Commissariat : Mirela Baciak
L’ARTISTE
Née en 1990. Vit et travaille à Paris et Zurich.
Elle est diplômée de l’EESAB – site de Rennes en 2014, puis de l’ENSBA-Paris en 2017. Son travail a été présenté dans diverses expositions collectives en institutions, notamment : au Palais de Tokyo, Paris (2024), à la Bally Foundation, Lugarno, Suisse (2023), à la Chapelle des Beaux-Arts de Paris (2022), au 66e Salon de Montrouge (2022) ; au Point Commun, Annecy (2021), à la Fondation Fiminco, Romainville (2021), au Palais des Beaux-Arts de Paris (2021), à la Panacée MoCo, Montpellier (2019), à La villa Radet, Paris (2019) ou à The Other Art Fair, Turin, Italie (2018).
Elle est lauréate de différentes bourses, programmes de résidences et prix, dont le Prix des Amis des Beaux-Arts, la résidence de la Cité Internationale des Arts ou des Ateliers Vivegnis International en Belgique.
Ses dernières œuvres ont été commanditées par la Fondation Bally ou soutenues par le Palais de Tokyo et la DRAC Île-de-France.
LE PRIX DU FRAC BRETAGNE – ART NORAC
Le Prix du Frac Bretagne – Art Norac est un dispositif de soutien au développement professionnel international des artistes de la scène régionale bretonne porté par le Frac Bretagne grâce au soutien d’Art Norac, structure pour le mécénat du groupe Norac.
Chaque année, une structure partenaire en Europe ou dans le monde, prête à accueillir le lauréat.e pour produire une exposition personnelle, est associée au dispositif.
+ Visiter le site du Salzburger Kunstverein
+ Plus d’informations sur le Prix du Frac Bretagne – Art Norac
Visuel : Tania Gheerbrant, Fleurs de l’histoire, 2024, produit avec le soutien de la DRAC Île-de-France et le Palais de Tokyo. Vue de l’exposition Toucher l’insensé, Palais de Tokyo. 2024.