Peter Friedl
Frac Bretagne, Rennes

Peter Friedl Untitled (Corrupting the Absolute)

D’origine autrichienne et installé à Berlin, Peter Friedl (1960- ) est un artiste majeur de la scène artistique internationale.
Ayant commencé au début des années 80 comme critique de théâtre avant de se consacrer aux arts plastiques, il conserve un attachement fort à cette discipline. En témoignent ses expositions construites comme de véritables décors, avec ou sans changement de plateaux selon l’envergure du contexte.
En quête de nouveaux modèles de narration, ses projets explorent la construction de l’histoire et des concepts dans une organisation contextuelle toujours spécifique, mais cependant alimentée par de grands sujets récurrents comme l’enfance, l’Histoire, la politique, la sociologie, les animaux. Avec humour et ironie, l’artiste pointe les impasses de la modernité, entre utopies d’hier et compromis d’aujourd’hui.
Les références foisonnantes contenues dans ses œuvres et les moyens divers dont l’artiste fait usage pour les exprimer (dessin, vidéo, photographie, installation, etc.) constituent un corpus dense, mêlant la suggestion d’une histoire personnelle à celle d’une histoire collective. Ainsi, son travail s’appréhende-t-il difficilement de façon instantanée, mais s’envisage de manière dynamique. L’artiste explique chercher l’ambigu, la confusion et en aucun cas la clarté d’une lecture immédiate. Il revendique d’ailleurs en 1998 que « le malentendu fait partie de la compréhension ».

Untitled (Corrupting the Absolute) est une œuvre composée de lettres manuscrites en néon rouge.
Elle retranscrit une référence, consignée par l’artiste dans un des nombreux carnets de notes qui l’accompagnent dans son quotidien d’observateur attentif, empruntée à l’essayiste et critique rock américain Greil Marcus1. Figure de la culture underground, Greil Marcus* aime à souligner les oppositions et les forces contraires qui bâtissent le génie d’un artiste, tout comme Peter Friedl revendique les analogies autant que les écarts et les ruptures qui provoquent le vertige.
« Corrompre l’absolu » s’impose comme une injonction abstraite pour rappeler, s’il en est, que l’art n’apporte pas de réponses, il nous pousse à nous interroger avant tout.
Présentée dans le hall d’accueil, cette pièce sonne ainsi comme une introduction à la philosophie défendue par le Frac Bretagne.

*Corrupting the Absolute est le titre d’un chapitre de l’ouvrage non-traduit In the Fascist Bathroom: Punk in Pop Music, 1977-1992 écrit par Greil Marcus en 1993.


Visuel : Peter Friedl Untitled (Corrupting the Absolute), 2000 FNAC 02-773 Centre national des arts plastiques © Peter Friedl – Crédit photo : Galerie Erna Hécey (Luxembourg)