Expositions en cours
Basim Magdy
Basim Magdy
The Year Spring Arrived in September
L’exposition personnelle de Basim Magdy au Frac Bretagne est une plongée dans le travail de ce fascinant artiste d’origine égyptienne. Chez lui, l’image est envisagée dans un champ élargi qui se déploie pour observer ce qui l’entoure et créer des réalités parallèles quelque part entre étude habitée et sublimation critique. Que ce soit dans ses peintures, photographies ou films, l’artiste compose à partir de prélèvements du monde. Au gré de ses pérégrinations, il extrait des images, glane des fragments, les façonne, les détourne. Comme un scientifique, il tente des expériences à partir du réel pour générer des réalités secondaires. Il produit ainsi des constellations narratives complexes à propos des structures de pouvoir sociales et politiques contemporaines et les moyens par lesquels elles pourraient provoquer la fin du monde. La tension dramatique des fictions critiques de Basim Magdy est donc fondée sur des réalités existantes et repose sur des intrigues contre-narratives, écrites par l’artiste et jouées sur fond d’absurdité de la vie et de banalité de l’existence.
Pour son exposition personnelle au Frac Bretagne, l’artiste a fait le choix de présenter un large corpus d’œuvres récentes comme plus anciennes qu’il met en abîme dans un accrochage flottant. En effet, ici tout est en suspension, rien au mur ou si peu. Les images, fussent-elles peintes, photographiques ou filmiques cohabitent dans le volume de l’espace. Les narrations qu’elles portent s’entremêlent, s’entrechoquent, se renforcent et parfois s’amendent. L’artiste teste ici notre habilité à nous laisser happer par les univers qu’il offre à voir. Le parcours de l’exposition est une invitation à un voyage introspectif, une opportunité offerte de s’engager dans un périple, une errance productive de sens, si tant est qu’on accepte de s’y livrer.
L’artiste
Basim Magdy (1977, Égypte) vit et travaille à Bâle, Suisse
Le travail de Basim Magdy utilise des passés fictifs et des futurs dystopiques pour proposer un commentaire critique sur le présent.
Son travail a été maintes fois présenté lors d’expositions personnelles ou de groupe dans les plus grandes institutions du monde dont le MoMA de New York, le Centre Pompidou à Paris, le MAAT de Lisbonne, le MCA de Chicago, le Castello di Rivoli àTurin, le Jeu de Paume à Paris et récemment la Röda Sten Konsthall à Göteborg (Suède) ou la Fondation Antoni-Tàpies à Barcelone. Il a également été invité aux Biennales d’Athènes, de Montréal, d’Istanbul et de Rennes. Il a fait partie des finalistes de Future Generation Art Prize de la Pinchuk Foundation à Kiev, du Deutsche Bank’s Artist of the Year 2016 et a remporté plusieurs prix dont Abraaj, Dubaï et The New: Vision, CPH:DOX Film Festival, Copenhague. Ses films ont fait l’objet de programmation dédiée comme à la Tate Modern à Londres et au Festival international du Film de Rotterdam.
Contenus à destination des acteurs et actrices du monde de l’enseignement et du social
Visuel haut : Bassim Magdy, FEARDEATHLOVEDEATH, 2022 (détail) Film super 16 transféré en Full HD, 17 min 15 sec. Commande de Röda Sten Konsthall, Gothenburg. Photo : Courtesy de l’artiste
Liv Schulman
Liv Schulman
Adidas, Jennifer, Ariel, Woolite, le Chat, la Croix, le Temps, la Sangsue, les Problèmes, la Transformation, l’Ennui
Les films de Liv Schulman détournent les codes télévisuels pour se livrer à une analyse mordante des représentations traditionnelles du genre et de l’identité. Loin de s’enfermer dans des postures savantes, l’artiste préfère jouer avec l’ironie et l’absurde pour mieux mettre à mal tous les poncifs.
Pour son exposition personnelle au Frac Bretagne, Liv Schulman a choisi de présenter les deux saisons de sa série télévisée Brown, Yellow, White and Dead, 2020 et Brown, Yellow, White and Dead Dead, 2022. Le public est invité à s’installer dans un environnement sculptural praticable pour regarder les épisodes diffusés en alternance de part et d’autre de l’espace.
La première saison, Brown, Yellow, White and Dead, 2020 est un huis-clos en quatre épisodes dans lequel Liv Schulman revient sur les thèmes qui lui sont chers : la sexualité, les droits des minorités, mais aussi le processus de création. L’artiste adopte les codes des séries télé et de la télé-réalité et s’attaque à un poncif cinématographique : celui de la réalisation du film en train de se faire. Dans un salon bricolé, barricadé de grands cartons marrons bien scotchés qui isolent l’action du monde extérieur, des producteurs, une réalisatrice et des acteurs discutent d’un projet de film d’horreur qui, ce faisant, se réalise sous nos yeux. Lectures du scénario, tentatives de mise en scènes, analyses, critiques et disputes s’enchaînent, et voient les protagonistes se croquer un orteil ou se rouler par terre. Comme très souvent chez Liv Schulman, ici dans des amas de matières louches et visqueuses, les références inscrivent la série dans la lignée de films comme la Nuit américaine de François Truffaut ou Soigne ta droite de Jean-Luc Godard, dans une ambiance qui emprunte au gore, au cinéma Bis ou aux séries d’horreur populaires. L’un des grands moments de Brown, Yellow, White and Dead est une discussion animée autour de la signification de l’insulte « pédé », où les protagonistes se frottent contre les murs dans une danse joyeuse qui s’emballe : ainsi se manifeste l’engagement LGBTQIA+ du film, sans ambiguïté, mais sur le mode libérateur d’un « état de transe anarchique », se moquant bien des donneur.euses de leçon.
Dans la seconde saison, Brown, Yellow, White and Dead Dead, 2022, l’artiste plante le décor dans un parking souterrain. On retrouve les protagonistes de la première saison qui discutent et mettent en scène les possibles scénarios d’un film d’horreur. Dès le premier épisode, le spectateur est happé par la spirale hypnotique des discours. Des discours désincarnés, « sans queue ni tête », débités par des prosommateurs [1] et prosommatrices en perpétuelle reconversion. Ici, on sait faire du kombucha et du kéfir, on se prend pour une chamane, une diététicienne et une sophrologue. Ici, tout est possible, tout est interchangeable. Les discours du parking présentent une nouvelle masculinité engagée dans les activités artisanales ou traditionnellement associées au féminin. L’heure n’est plus à la verticalité à ce qu’il parait. On monte son propre business tout en veillant à une organisation moins hiérarchique du travail et de la production.
Rédigé d’après les textes Liv Schulman et le chaos créatif par Vanessa Morisset pour Switch on paper, 2021 et Brown, Yellow, White and Dead Dead par Fatma Cheffi, 2022, document public édité par la galerie anne barrault à l’occasion de l’exposition The New Inflation, 9 avril – 22 mai 2022.
[1] Prosommateur est un néologisme issu du terme anglais prosumer. Ce terme cherche à décrire les tendances qu’ont les consommateurs à se professionnaliser et se rapprocher de la figure de producteur (déf. Wikipédia)
L’artiste
Liv Schulman (1985, Argentine) vit et travaille à Paris
Liv Schulman a étudié à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, à la Goldsmiths University de Londres (Grande-Bretagne), à l’UTDT de Buenos Aires et à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts, Lyon. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions personnelles ou de groupe notamment au Bemis Center for contemporary arts à Omaha aux Etats-Unis, au CRAC Alsace à Altkirch, au Centre Pompidou à Paris, à la Fondation Ricard à Paris, au Musée Reina Sofia à Madrid, à la MABA à Nogent-sur-Marne, à Triangle France à Marseille ou encore à la Galerie Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec. Elle a également participé aux Ateliers de Rennes-Biennale d’art contemporain en 2016.
Visuel haut : Liv Schulman, Brown, Yellow, White and Dead Dead, Épisode 1. Capture vidéo © ADAGP, Paris 2023 – Courtesy de l’artiste, galerie anne barrault et Piedras galeria
En permanence
Untitled (Corrupting the Absolute)
Peter Friedl Untitled (Corrupting the Absolute)
D’origine autrichienne et installé à Berlin, Peter Friedl (1960- ) est un artiste majeur de la scène artistique internationale.
Ayant commencé au début des années 80 comme critique de théâtre avant de se consacrer aux arts plastiques, il conserve un attachement fort à cette discipline. En témoignent ses expositions construites comme de véritables décors, avec ou sans changement de plateaux selon l’envergure du contexte.
En quête de nouveaux modèles de narration, ses projets explorent la construction de l’histoire et des concepts dans une organisation contextuelle toujours spécifique, mais cependant alimentée par de grands sujets récurrents comme l’enfance, l’Histoire, la politique, la sociologie, les animaux. Avec humour et ironie, l’artiste pointe les impasses de la modernité, entre utopies d’hier et compromis d’aujourd’hui.
Les références foisonnantes contenues dans ses œuvres et les moyens divers dont l’artiste fait usage pour les exprimer (dessin, vidéo, photographie, installation, etc.) constituent un corpus dense, mêlant la suggestion d’une histoire personnelle à celle d’une histoire collective. Ainsi, son travail s’appréhende-t-il difficilement de façon instantanée, mais s’envisage de manière dynamique. L’artiste explique chercher l’ambigu, la confusion et en aucun cas la clarté d’une lecture immédiate. Il revendique d’ailleurs en 1998 que « le malentendu fait partie de la compréhension ».
Untitled (Corrupting the Absolute) est une œuvre composée de lettres manuscrites en néon rouge.
Elle retranscrit une référence, consignée par l’artiste dans un des nombreux carnets de notes qui l’accompagnent dans son quotidien d’observateur attentif, empruntée à l’essayiste et critique rock américain Greil Marcus1. Figure de la culture underground, Greil Marcus* aime à souligner les oppositions et les forces contraires qui bâtissent le génie d’un artiste, tout comme Peter Friedl revendique les analogies autant que les écarts et les ruptures qui provoquent le vertige.
« Corrompre l’absolu » s’impose comme une injonction abstraite pour rappeler, s’il en est, que l’art n’apporte pas de réponses, il nous pousse à nous interroger avant tout.
Présentée dans le hall d’accueil, cette pièce sonne ainsi comme une introduction à la philosophie défendue par le Frac Bretagne.
*Corrupting the Absolute est le titre d’un chapitre de l’ouvrage non-traduit In the Fascist Bathroom: Punk in Pop Music, 1977-1992 écrit par Greil Marcus en 1993.
Visuel : Peter Friedl Untitled (Corrupting the Absolute), 2000 FNAC 02-773 Centre national des arts plastiques © Peter Friedl – Crédit photo : Galerie Erna Hécey (Luxembourg)
En coulisses
En coulisses
Oui ! Il y a des coulisses au Frac, l’accrochage est surprenant, n’est-ce pas ?
Ces hauteurs, les échos visuels entre les tableaux, les photographies sont en effet étonnants. Peut-être le savez-vous déjà, mais cette collection est la vôtre, enfin, elle est un bien commun qu’une équipe de professionnel.le.s se charge de soigner et de diffuser afin que dans des décennies, on puisse encore la comprendre et l’apprécier.
La collection du Frac Bretagne rassemble des œuvres d’artistes de différentes générations, et de nombreuses scènes locales, régionales et internationales. L’abstraction forme l’un des socles historiques de la collection qui se déploie également autour d’axes thématiques : les œuvres en relation avec la nature, celles qui questionnent le statut de l’image contemporaine, celles qui témoignent de leur époque, ainsi que de grands ensembles monographiques.
Dans cette réserve, les œuvres reprennent leur souffle avant de repartir dans des expositions et des projets participatifs, les Frac sont en effet les collections publiques les plus diffusées de France. Ce principe de mobilité définit ces institutions comme d’indispensables acteurs d’une politique d’aménagement du territoire visant à réduire les disparités géographiques et sociales dans l’accès à la culture et ainsi à faciliter la découverte de l’art contemporain par les publics les plus diversifiés.
Pour vous, le Frac a préparé des voix à écouter, celles d’une hôtesse de bord improbable, fine connaisseuse des problématiques de conservation, de témoins racontant leurs souvenirs des œuvres que vous pouvez apercevoir, de régisseurs connaissant la collection mieux que personne, d’œuvres qui se parlent entre-elles… et enfin, celles du public avec lequel le Frac monte de nombreux projets dans toute la région et qui les ont accueillies dans leur structure, établissement, entreprise.
Visuel : En coulisses, Frac Bretagne, Rennes (détail), 2021. Crédit photo : Aurélien Mole.
Xylocus (version portable)
Xylocus (version portable), 2005
Poète expérimentateur, chercheur, sculpteur, sorte de Géo Trouvetout, Laurent Duthion relève de toutes ces catégories. Ses propositions croisent les champs de l’art et de la science : masque olfactif, recettes à base de molécules, caméra musculaire montée sur un vélo ou encore culture de tomates carrées.
En 2004 dans le cadre d’une commande de la ville de Rennes, il plante dans le Jardin du Séchoir, le long du canal Saint-Martin, deux tilleuls rares dont certaines branches sont sculptées en forme d’objets du quotidien.
Usant du même procédé, Laurent Duthion conçoit ensuite le Xylocus (version portable), olivier en pot, partiellement sculpté lui aussi. Pinceaux, crayons, brosses, pinces à linge émergent du feuillage tel d’improbables fruits.
Cette œuvre aborde les questions contemporaines liées à la génétique et à l’écologie tout en puisant dans la grande tradition du merveilleux associée à l’arbre dans l’imaginaire collectif.
Œuvre de la collection du Frac Bretagne
Jardin de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne
6 Rue du Chapitre, 35000 Rennes
Visuel : Laurent Duthion, Xylocus (version portable), 2005 (détail). Jardin de la Drac Bretagne, Rennes. Crédit photo : Frac Bretagne.
Ici reposent des secrets
Ici reposent des secrets, 2014
Artiste plasticienne, écrivaine et réalisatrice française, Sophie Calle nous entraîne d’œuvre en œuvre dans une spirale consignée dans l’espace et le temps, où l’individu s’inscrit dans un lieu et à un moment donné. Promenades, filatures, enquêtes, voyages sont autant de formes que prennent ses différentes propositions.
À l’initiative de l’association « Dialogues avec la Nature » l’artiste Sophie Calle a participé, le 14 juin 2014, au Festival Lieux Mouvants dans l’enclos de la chapelle de Burthulet en Saint-Servais. Dans le petit cimetière accolé à l’édifice, Sophie Calle a recueilli les secrets que lui ont confiés, individuellement et de façon anonyme, les gens du pays. Les confidences ont été enregistrées mais ceux qui le préféraient ont pu remettre à l’artiste une enveloppe cachetée. Les secrets, ainsi recueillis par écrit ou sur support numérique, ont été, le soir même, enfermés dans une boite et enterrés dans l’enclos de la chapelle. Une pierre tombale ferme et scelle désormais ce tombeau aux secrets.
Œuvre de la collection du Frac Bretagne
Visuel haut de page : Sophie Calle, Ici reposent des secrets, 2014 © ADAGP, Paris
Saint-Carré
Saint-Carré, 1991
En 1991, Robert Milin est invité à participer à Escales, une manifestation dont le commissaire est Jérôme Sans, et qui se propose d’investir divers lieux des Côtes-d’Armor dans un rapport étroit au paysage. L’artiste s’intéresse alors à une petite commune rurale, Saint-Carré, à ses habitants avec lesquels il se lie. Partageant avec eux la vie locale, à la croisée d’activités ancestrales – travaux des champs et soins aux animaux – et de la vie moderne, il a bientôt accès aux
photographies personnelles de plusieurs familles. Dans ces boîtes reposent autant de témoins muets des évènements collectifs religieux ou laïcs qui ont marqué le village, que de moments intimes qui ne prennent importance que dans l’histoire de chacun. Il choisit de mettre au jour 13 de ces photos en les agrandissant, les transférant soit sur plaques émaillées soit sur porcelaine, et les dispose, avec la complicité active des habitants en différents points de Saint-Carré : terrain de jeu, pignon de grange, poulailler, etc. Ce faisant, il réalise une œuvre d’art public qui renverse les canons habituels notamment dans le rapport privé/public : le privé est devenu public et le village entier un lieu d’exposition à ciel ouvert.
En 1994, le Frac Bretagne se porte acquéreur de Saint-Carré, une œuvre qui résonne particulièrement avec l’une de ses missions essentielles, rapprocher le citoyen des enjeux de l’art d’aujourd’hui. Comme toute œuvre dans l’espace public, Saint-Carré a subi les assauts du temps et les aléas météorologiques. Portée par la volonté commune des habitants, du Frac Bretagne et de l’artiste, une restauration a été entreprise aux bons soins de celui-ci en 2018. Outre la rénovation de certaines pièces, cette démarche a conduit à réorganiser l’accrochage, pour tenir compte des changements de propriété, de l’évolution du bâti et de la voirie.
Œuvre de la collection du Frac Bretagne
Visuel haut de page : Robert Milin, Chan’nic, Saint-Carré, 1991 © Robert Milin – Crédit photo : Frac Bretagne
Le parc de sculptures de Kerguéhennec
Les sculptures du Domaine de Kerguéhennec
L’histoire du Frac Bretagne est intimement liée à celle du parc de sculptures du domaine de Kerguéhennec, dans le Morbihan, qui constitua dans les années 1980 un magnifique terrain de jeu pour des artistes aussi prestigieux que Richard Long, Giuseppe Penone ou Jean Pierre Raynaud.
Leurs expérimentations dans ce parc morbihannais vont participer à construire l’identité du Frac et de sa collection notamment orientée vers les questions paysagères.
Œuvres de la collection du Frac Bretagne
- François Bouillon, Cène d’extérieur, 1986-1987
- Etienne Hajdu, Sept colonnes à Stéphane Mallarmé, 1969-1971
- Harald Klingelhöller, Mit Buchstaben der Worte : Unrecht schreit (avec les lettres de : l’injustice crie), 1995
- Richard Long, Un cercle en Bretagne (A circle in Brittany), 1986
- Guiseppe Penone, Sentier de charme, 1986
- Jean-Pierre Raynaud, 1000 pots bétonnés peints pour une serre ancienne, 1986
- Ulrich Rückriem, Bild Stock, 1985
- Keith Sonnier, Porte-vue, 1987
Entrée libre et gratuite
Ouverture du parc tous les jours (sauf en cas d’alerte météo)
Visuel haut de page : Richard Long, Un cercle en Bretagne (A Circle in Brittany), 1986. Parc du domaine de Kerguéhennec, Bignan © ADAGP, Paris. Crédit photo : Florian Kleinefenn.
Expositions à venir
JEREMY DELLER
Jeremy Deller
Art is Magic, exposition rétrospective
Art is Magic est la première rétrospective en France du célèbre artiste britannique Jeremy Deller, lauréat du prestigieux Turner Prize en 2004 et représentant de son pays à la Biennale internationale d’art contemporain de Venise en 2013.
Jeremy Deller s’intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Les questions sociales, l’histoire, mais aussi la musique, sont au centre des investigations de l’artiste. Teintées d’un humour acide et d’un discours sociopolitique assumé, ses œuvres font un lien entre la culture – vernaculaire ou de masse – et le monde du travail. Ses recherches l’ont mené à explorer l’histoire sociale de son pays et au-delà, à travers les conflits sociaux de l’ère thatchérienne, le groupe Depeche Mode, le monde du catch, les ferments du Brexit, ou encore l’Acid house et le mouvement rave, avec le souci constant d’impliquer d’autres personnes dans le processus créatif.
L’exposition Art is magic dresse un large panorama de l’œuvre de l’artiste des années 1990 à aujourd’hui à partir d’une quinzaine de projets et œuvres majeurs qui ont ponctué son parcours.
Elle sera, par ailleurs, l’occasion de publier le premier ouvrage rétrospectif du travail de l’artiste en langue française.
L’exposition Art is Magic est une coproduction à l’échelle de la ville qui se déploie dans les espaces du Frac Bretagne, de La Criée centre d’art contemporain et du Musée des beaux-arts de Rennes.
L’exposition se tient à l’occasion de la saison estivale Exporama portée par la Ville et la Métropole de Rennes, et elle entre en résonance avec l’exposition Forever sixties de la Collection Pinault, au Couvent des Jacobins à Rennes, qui explore l’esprit des années 60 entre libération et répression.
Une rétrospective en trois lieux
Le Musée des beaux-arts livre un panorama de sa création depuis les années 2000, avec des dispositifs qui combinent performance, vidéo et installation. Les œuvres Valerie’s snack bar et Speak to the earth and it will tell you explorent ce qui cimente la solidarité et la complicité entre habitant.es – le fameux « lien social ». The Battle of Orgreave et Putin’s happy s’offrent comme des instruments d’investigation pour questionner les luttes politiques et leur traitement médiatique, qu’il s’agisse de conflits sociaux de l’époque thatchérienne ou des débats plus récents sur le Brexit.
On retrouve cette inscription dans l’histoire – politique, sociale, de l’art… – à La Criée centre d’art contemporain, avec Warning Graphic Content, ensemble qui réunit les œuvres imprimées et les affiches de Jeremy Deller de 1993 à 2021, soit plus d’une centaine de pièces. En écho, dans le diaporama Beyond the White Wall, Jeremy Deller raconte, en voix off, les projets qu’il a réalisés dans l’espace public et qui floutent les frontières entre l’espace de l’art et l’espace social.
Le parcours au Frac Bretagne présente Jeremy Deller comme le grand observateur de la culture vernaculaire au Royaume-Uni. Réunissant dessin, peinture, cinéma, performances, costumes, décoration, opinions politiques et humour, ainsi qu’objets étonnants, Folk Archive (2005 avec Alan Kane) célèbre l’activité d’un large éventail de loisirs et d’activités britanniques, et démontre que l’art populaire en Grande-Bretagne est à la fois répandu et vigoureux. En pendant de cette installation, trois œuvres filmiques traitent également de l’appropriation culturelle populaire : English Magic (2013), Everybody in the Place: an Incomplete History of Britain 1984-1992 (2018) et Our Hobby is Depeche Mode (2006, avec Nick Abraham).
L’édition
Première monographie en français, Art is Magic parcourt les références culturelles du célèbre artiste britannique, de Rod Stewart à la révolution industrielle, en les reliant à ses œuvres emblématiques. L’ouvrage très élaboré, conçu par Jeremy Deller lui-même, est structuré en douze chapitres écrits par l’artiste et contient cinq entretiens.
Publié à l’occasion de la première rétrospective en France de Jeremy Deller, Art is Magic dresse le panorama le plus complet de son travail des années 1990 à ce jour, à partir d’une quinzaine de projets et d’œuvres majeurs qui ont ponctué son parcours.
Art is Magic constitue une tentative de relier les œuvres clés de la carrière de Jeremy Deller avec l’art, la musique pop, le cinéma, la politique et l’histoire qui ont inspiré son travail. Deller a fait couler beaucoup d’encre au fil des décennies, mais c’est la première fois qu’il rassemble toutes ses sources culturelles. L’ouvrage est divisé en trois sections : un guide visuel de ses œuvres préférées, des réflexions approfondies sur sa vie et sa pratique artistique et, enfin, un album d’images expliquant ce qui le motive (de Rod Stewart aux chauves-souris, du juke-box parfait aux têtes de hache néolithiques). Le livre présente des œuvres qui ont jalonné la vie et la carrière de Deller, la plupart inédites. S’y entrecroisent ainsi son installation gonflable pour le festival international de Glasgow, la grève des mineurs (son film sur la bataille d’Orgreave), les chauves-souris (sujet d’au moins trois des œuvres de Deller), Andy Warhol (qu’il a rencontré en 1986), les liens entre la révolution industrielle et le heavy metal, et les busards cendrés picorant les yeux d’un député conservateur (figurant dans sa fresque contre la chasse au gibier créée pour la Biennale de Venise).
Éditeurs : Cheerio Publishing, Londres (version anglaise)
Musée des beaux-arts, La Criée centre d’art contemporain, Frac Bretagne, Rennes (version française)
Distributeur : Les Presses du Réel, Dijon
240 pages, 28 €
Visuel bandeau : Jeremy Deller, Une Nouvelle Aube, 2021, de l’ensemble Warning Graphic Content, 1993-2021 © Jeremy Deller. Photo : Courtesy de l’artiste