Les Jeux Olympiques 1964-1980
Un photographe emblématique regarde l’histoire à travers le sport
En 1964, Raymond Depardon est depuis quatre ans salarié en tant que photographe reporter pour l’agence Dalmas. Il est alors envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux olympiques d’été et fait ainsi ses premiers pas de photographe de sport. Essai gagnant puisqu’il officiera finalement durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou en 1980.
Lors de ces événements, le célèbre photographe apprend que, pour saisir la beauté du moment, il faut le devancer. Ainsi parvient-il à immobiliser l’exploit, la force et l’émotion extrême : le désespoir de Michel Jazy après sa défaite à l’épreuve du 5 000 m à Tokyo (1964), la joie éclatante de Colette Besson remportant le 400 m à Mexico (1968), le légendaire triplé olympique de Jean-Claude Killy à Grenoble (1968), la grâce et la perfection de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci à Montréal (1976)… des images désormais gravées dans l’histoire du sport.
Mais, porté par son expertise de grand reporter, Raymond Depardon fige d’autres instants, des faits historiques et dépassant largement le champ sportif : en 1968, il immortalise le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico, puis en 1972, lors des Jeux olympiques de Munich, il est le témoin de la prise d’otage de la délégation israélienne. Le stade et l’histoire, la culture et le sport.
Photographier le sport
Lorsque Raymond Depardon est envoyé photographier ses premiers JO, il n’a pas d’expérience de la photographie de sport. Il comprend très vite que la position du photographe est primordiale et que l’important est de devancer l’événement.
« Le sport est peut-être la spécialité qui apprend le mieux à bien voir » explique-t-il. Photographier le sport lui a appris à être encore plus rapide dans la prise de vue, à être synchrone avec l’action.
Les photographies de ces épreuves sportives de haut niveau amènent Raymond Depardon à donner aux corps des athlètes une esthétique sculpturale : muscles saillants, expression figée dans la concentration ou l’effort. Le photographe aime également capter des images en marge de la performance, en photographiant notamment des champion.nes hors exercice, dans une approche plus intime.
De l’individu au collectif
Lorsqu’il photographie des personnes, Raymond Depardon fait coexister l’individu et le collectif. Ses images montrent avec beaucoup de justesse des moments d’intimités captés dans l’espace public mais aussi des personnes en prise avec leur environnement social, politique, des paysages. D’abord par timidité et par pudeur, le photographe se tenait à distance des personnes, puis il en fit un principe de travail. Avec sa femme Claudine Nougaret qui accompagne le son de ses films, il parle de « dégager l’écoute » autour d’un sujet : savoir trouver la bonne distance physique, créer de l’espace pour celui-ci.
Aux JO, Raymond Depardon présente autant les athlètes dans leur solitude qu’entouré.es d’une équipe et du public, représentant un pays.
Photographier des temps faibles
Raymond Depardon imagine le principe de « temps faibles » en photographie. Le fait de s’intéresser aux moments anodins, banals, au rien.
« Je fais des photos que tout le monde pourrait faire, mais que personne ne fait », dit-il modestement. Contre l’idée de ne s’intéresser qu’aux « instants décisifs » (formulation rendue célèbre par le photographe français Henri Cartier-Bresson), il cherche à aller à l’encontre de l’idée de maîtrise, en valorisant le doute, l’incertitude, le manque à rencontrer le réel.
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