Raymond Depardon
15.06.2024 - 05.01.2025
Frac Bretagne, Rennes

 

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Les Jeux Olympiques 1964-1980

Un photographe emblématique regarde l’histoire à travers le sport

En 1964, Raymond Depardon est depuis quatre ans salarié en tant que photographe reporter pour l’agence Dalmas. Il est alors envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux olympiques d’été et fait ainsi ses premiers pas de photographe de sport. Essai gagnant puisqu’il officiera finalement durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou en 1980.

Lors de ces événements, le célèbre photographe apprend que, pour saisir la beauté du moment, il faut le devancer. Ainsi parvient-il à immobiliser l’exploit, la force et l’émotion extrême : le désespoir de Michel Jazy après sa défaite à l’épreuve du 5 000 m à Tokyo (1964), la joie éclatante de Colette Besson remportant le 400 m à Mexico (1968), le légendaire triplé olympique de Jean-Claude Killy à Grenoble (1968), la grâce et la perfection de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci à Montréal (1976)… des images désormais gravées dans l’histoire du sport.

Mais, porté par son expertise de grand reporter, Raymond Depardon fige d’autres instants, des faits historiques et dépassant largement le champ sportif : en 1968, il immortalise le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico, puis en 1972, lors des Jeux olympiques de Munich, il est le témoin de la prise d’otage de la délégation israélienne. Le stade et l’histoire, la culture et le sport.

 

Photographier le sport

Lorsque Raymond Depardon est envoyé photographier ses premiers JO, il n’a pas d’expérience de la photographie de sport. Il comprend très vite que la position du photographe est primordiale et que l’important est de devancer l’événement.

« Le sport est peut-être la spécialité qui apprend le mieux à bien voir » explique-t-il. Photographier le sport lui a appris à être encore plus rapide dans la prise de vue, à être synchrone avec l’action.

Les photographies de ces épreuves sportives de haut niveau amènent Raymond Depardon à donner aux corps des athlètes une esthétique sculpturale : muscles saillants, expression figée dans la concentration ou l’effort. Le photographe aime également capter des images en marge de la performance, en photographiant notamment des champion.nes hors exercice, dans une approche plus intime.

La gymnaste roumaine Nadia Comăneci, médaille d’or à la poutre. Jeux Olympiques de Montréal, Canada, 1976 

En 1976, Raymond Depardon prend plaisir à saisir le corps en suspens, particulièrement en gymnastique. Cette image a été prise en contre-plongée, depuis une fosse réservée aux photographes. Ce point de vue renforce l’impression de lévitation des gymnastes.

Leurs passages sont rapides, il s’agit donc de prendre les photographies en rafale, tout en réalisant une mise au point parfaite.

Sur cette image, la jeune gymnaste roumaine Nadia Comăneci, remarquable par la perfection et la rapidité de ses chorégraphies. Le photographe connaissait l’exercice imposé pour l’avoir vu plusieurs fois à l’entrainement. Il savait parfaitement l’instant qu’il souhaitait capturer, un salto arrière qui propulse le corps de l’athlète à l’envers, jambes en l’air, tête en bas, les mains ne touchant pas l’agrès.  Le mouvement de la gymnaste est alors aérien et équilibré dans l’espace. La contre-plongée et le blanc du justaucorps permettent à Raymond Depardon de détacher son sujet du fond de l’image rendant le public imperceptible.

De l’individu au collectif

Lorsqu’il photographie des personnes, Raymond Depardon fait coexister l’individu et le collectif. Ses images montrent avec beaucoup de justesse des moments d’intimités captés dans l’espace public mais aussi des personnes en prise avec leur environnement social, politique, des paysages. D’abord par timidité et par pudeur, le photographe se tenait à distance des personnes, puis il en fit un principe de travail. Avec sa femme Claudine Nougaret qui accompagne le son de ses films, il parle de « dégager l’écoute » autour d’un sujet : savoir trouver la bonne distance physique, créer de l’espace pour celui-ci.

Aux JO, Raymond Depardon présente autant les athlètes dans leur solitude qu’entouré.es d’une équipe et du public, représentant un pays.

Jeux Olympiques de Munich, Allemagne de l’Ouest, 1972. Course de relais avec, au centre de l’image, l’athlète allemand Klaus Ehl. Munich Olympic Games, West Germany, 1972. Relay race with German athlete Klaus Ehl at the centre of the image.

Cette photographie a été prise lors des Jeux Olympiques de 1972 à Munich, en Allemagne de l’Ouest. Pour la première fois, les photographes bénéficient d’un emplacement privilégié dans une grande fosse entourant le stade d’athlétisme tout entier, leur permettant de faire de magnifiques contre-plongées. C’est de cet endroit que Raymond Depardon photographie la finale de la course de relais 4 x 100 mètres homme. Ce point de vue lui permet de saisir leur proximité dans la compétition, la zone intermédiaire entre les passages de relais.

Les corps en mouvement des athlètes sont figés dans leur effort, avec au centre de l’image, l’athlète allemand Klaus Ehl qui remportera la médaille de bronze avec son équipe. Visages crispés, muscles tendus mais aussi en arrière-plan, la foule qui devient une trame floue.

Plusieurs prises de vue ont été nécessaires pour réussir à n’en garder que quelques-unes comme celle-ci, permettant de voir certains sportifs en décalage les uns par rapport aux autres et de les identifier de manière isolée.

Photographier des temps faibles

Raymond Depardon imagine le principe de « temps faibles » en photographie. Le fait de s’intéresser aux moments anodins, banals, au rien.

« Je fais des photos que tout le monde pourrait faire, mais que personne ne fait », dit-il modestement. Contre l’idée de ne s’intéresser qu’aux « instants décisifs » (formulation rendue célèbre par le photographe français Henri Cartier-Bresson), il cherche à aller à l’encontre de l’idée de maîtrise, en valorisant le doute, l’incertitude, le manque à rencontrer le réel.

Jeux Olympiques de Mexico City, Mexique, 1968. L’athlète est-allemande Margitta Gummel avant le lancer de poids qui lui valut la médaille d'or. Olympic Games, Mexico City, Mexico, 1968. East German athlete Margitta Gummel before the shot put that won her the gold medal. © Raymond Depardon Magnum Photo

Jeux Olympiques de Mexico City, Mexique, 1968. L’athlète est-allemande Margitta Gummel, avant le lancer de poids qui lui valut la médaille d’or. 

En 1968, il photographie les Jeux pour la seconde fois. Margitta Gummel fait partie des meilleures lanceuses de poids des années 1960 et 1970, et aussi connue pour sa prise de stéroïdes anabolisants.

Ici, Raymond Depardon ne cherche pas à capturer l’exploit mais ce qui le précède, celui de la concentration avant le lancer, celui du placement de la sportive au centre du cercle. La force du geste est encore au repos, rendant la pose statique. L’arrière-plan est très présent. Le sujet s’intègre à la vie pratique des Jeux Olympiques : les personnes qui attendent, qui s’entraînent, qui mettent en place les Jeux. Toute en nuances de gris, l’image révèle un fameux « temps faible » recherché par le photographe.

Découvrez l’exposition Raymond Depardon LES JEUX OLYMPIQUES 1964 – 1980 au Frac Bretagne, Rennes, du 15 juin 2024 au 5 janvier 2025 et profitez d’une entrée à tarif réduit 2 € sur présentation de votre ticket de caisse ou carte de fidélité DECATHLON.

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